Une pression inédite sur les journalistes de votre quotidien.
Nous relayons ici un article paru dans le Télégramme, qui démontre la tentative des autorités pour museler l'information, surtout quand celle-ci s'écarte de l'opinion officielle. La rédaction du Journal de Larmor et Baden peut confirmer ce genre de pression que subissent ceux qui dénoncent les écarts de nos élus !
À nos lecteurs
Une pression inédite sur les journalistes de votre quotidien.
Cinq journalistes du Télégramme ont été auditionnés en quelques mois. Une pression que nous souhaitons dénoncer.
Samuel Petit, Rédacteur en chef du Télégramme./p>
La séquence est inédite. En moins d'un an, cinq journalistes du Télégramme ont été convoqués et “entendus par la police ou la gendarmerie dans le cadre de leurs fonctions. Cette pression sur notre rédaction, n'a jamais été aussi forte depuis la création de votre journal. Nous sommes enclins à penser qu'elle traduit une forme de défiance à l'égard du travail de journalistes professionnels, qui agissent pourtant dans un cadre légal et réglementaire bien charpenté dans notre pays.
Première semonce en mai 2023 : une journaliste de notre rédaction de Lorient est convoquée par l'inspection générale de la police nationale au commissariat de la ville. Le délit présumé ? Recel de violation du secret de l'instruction. En d'autres termes l'accusation porte sur la publication d'informations dont nous aurions disposé grâce à une personne ayant violé secret de l'instruction. La volonté de pression sur une journaliste professionnelle ne fait pas de doute.
Second épisode, en ce mois d'avril la convocation de trois de nos journalistes, co-auteurs d'un article mettant en cause un élu finistérien. Là encore, trois auditions suite à une plainte pour diffamation. Audition, relevé d'empreintes. La procédure certes, mais, là encore, une pression réelle et contestable.
Enfin, une dernière affaire dont on peine à mesurer l'enjeu. Notre photographe, auteur de la photo prise par drone de l'église incendiée de Bringolo dans les Côtes-d'Armor suspecté d'utiliser son engin volant sans respecter la loi, a été convoqué ces derniers jours par une brigade de gendarmerie. Entendons-nous bien : les drones sont devenus suspects en cette période de menace d'attentats et c'est normal. Au point de mobiliser la justice sur l'improbable infraction d'un journaliste connu et reconnu dans la région, disposant des autorisations requises ?
Cette série malencontreuse de convocations et auditions ne vise malheureusement pas que Le Télégramme. Ces derniers mois, des confrères d'autres titres de presse régionale ont subi le même sort. Cette pression intervient dans un contexte bien identifié : difficultés croissantes d'accès aux sources policières, de gendarmerie, et judiciaires, corsetage de la communication dans certains parquets, volonté des ministères régaliens de maîtriser depuis Paris l'information sur les troubles à l'ordre public, difficile accès aux données publiques huit ans après la mise en application de la loi pour une République numérique...
Qu'elle soit le fruit du zèle de certains ou d'une réelle volonté politique, cette pression est hors de propos à l'heure où l'État s'interroge sur l'avenir des médias d'information. Pourtant, plus que jamais le droit à l'information est essentieL ne doit en rien être entravé par ceux qui disent la loi et la font appliquer. Enquêtes empêchées ou abandonnées, affaires dissimulées...
Le rôle des journalistes n'est pas de relayer une communication maltrisée des pouvoirs publics mais d'informer les citoyens. À l'heure où élus ou fonctionnaires seraient toujours plus tentés d'assurer eux-mêmes leur transmission d'informations, bien souvent sur des plateformes sociales américaines, voire chinoises, rappelons aujourd'hui que la mission d'information relève des médias et des Journalistes professionnels dont les rôles sont établis et reconnus.