Golfe du Morbihan - Importante pollution marine le 2 février 2024.
Lundi 29 janvier 2024
Golfe du Morbihan : des ostréiculteurs préoccupés par « le défi urgent de la qualité des eaux » (Ouest-France le 30 janvier 2024)
Cinq ostréiculteurs du Golfe, notamment de Séné et d’Arradon, ont été reçus par David Robo, président de Golfe du Morbihan-Vannes Agglomération (GMVA), le lundi 29 janvier 2024. Un rendez-vous fixé après leur manifestation lors des vœux, il y a quinze jours.Plus qu’un cri de colère, ils avaient lancé un appel aux élus et se disaient « préoccupés par le défi urgent de la pollution des eaux, exacerbé par les problèmes des pompes de relevage et des stations d’épuration saturées par les eaux de pluie ».
Les professionnels ont subi de plein fouet ces incidents, fin 2023, et le marasme est toujours d’actualité. Le mois de janvier a été catastrophique, commentait Nicolas Jacob, ostréiculteur à Séné. Lors de la rencontre de lundi, la collectivité se serait engagée à effectuer des études. « De notre côté, poursuit Fabrice Lizée, lui aussi ostréiculteur à Séné, comme cela ne va pas se résoudre en trois mois, il faut que l’État puisse aider les producteurs à des installations de bassin en circuit fermé. On s’adapte, mais ces équipements dont il faudra qu’on s’équipe sont coûteux. On se retrouve impacté et puni.
Les ostréiculteurs sont bien déterminés à se battre « pour la qualité de nos produits et la survie de nos entreprises ». La profession fonde aussi beaucoup d’espoir dans le traitement des norovirus, cet agent infectieux qui provoque régulièrement l’interdiction de vente des coquillages.
Vendredi 2 février 2024 (Le Télégramme le 5 février 2024)
Il est 2 h du matin, vendredi 2 février lorsque Guenaël Riguidel, marin pêcheur à l’Île-aux-Moines, part pour la marée. À la lueur des projecteurs de son bateau, il remarque des taches grasses à la surface de l’eau entre l’Île-aux-Moines et Port-Blanc, à Baden (NDLR : juste en face de l'émissaire de Bourgerel !). On est alors à marée descendante... Des traînées grasses, épaisses et mousseuses à l'odeur de rejet de traitement des eaux...
À son retour vers 6 h du matin (NDLR : soit 4 heures plus tard), à marée montante, ce n’est plus le même spectacle qui s’offre à ses yeux : « Les tâches avaient augmenté. Il y en avait sur trois milles nautiques, soit presque 6 km, de Creizic à Irus. C’était gras, épais, mousseux avec une odeur de rejet de traitement des eaux.
Ce n’est malheureusement pas la première fois. Cela arrive au moins 20 fois par an ».
Guenaël Riguidel doit se rendre à la gendarmerie à Saint-Avé ce lundi 5 février à 15 h 30 et s’apprête à porter plainte contre X. C’est aussi l’intention du Syndicat du Golfe Nord qui regroupe plusieurs ostréiculteurs. « On en a marre d’être pollué. On loue le domaine maritime à l’État qui doit assurer une qualité de l’eau optimale. C’est dans le contrat. C’est l’image de l’huître qui est écornée. On ne peut plus accepter ça ».
La gendarmerie a fait des constatations pour pouvoir procéder à des analyses et une enquête est en cours, fait savoir ce lundi matin la Compagnie de Vannes, qui précise qu’aucune plainte n’a pour l’instant été déposée.
De son côté, Golfe du Morbihan Vannes Agglomération, en charge de l’eau et de l’assainissement, tient ce lundi matin une réunion de crise pour connaître l’origine de la pollution. « Les installations proches de Port Blanc, ainsi que les postes de relevage, ont été vérifiés. Aucun dysfonctionnement n’a été relevé. Nous attendons les rapports », indique Gaelle le Roux, directrice de l’eau et d’assainissement à GMVA (NDLR : la même personne qui osait dire que la pollution E.Coli des plages en juillet 2023 était due aux déjections canines !).
Lundi 6 février (Ouest France)
Au lendemain de l’article relatant ces faits, le groupe Europe écologie-les Verts (EELV) du Pays de Vannes exprime son indignation dans un communiqué :
Cette pollution met en péril l’équilibre du parc naturel, la santé des riverains et des plaisanciers et, bien sûr, les activités économiques comme la conchyliculture. Les écosystèmes du Golfe sont particulièrement riches et pourtant ils sont déjà sous forte pression. Or, les réseaux d’assainissement de l’agglomération sont vieillissants et sous dimensionnés face à l’augmentation spectaculaire du tourisme ces dernières décennies. Les investissements publics nécessaires n’ont été ni prévus ni planifiés par GMVA (Golfe du Morbihan Vannes agglomération). Près de 20 % du réseau d’assainissement de GMVA serait défectueux, occasionnant des contaminations, particulièrement pendant les épisodes de fortes intempéries.
Pour EELV, les causes du problème sont connues et prévisibles. Le développement rapide des résidences secondaires et des meublés de location induit des pics de rejets, notamment pendant les vacances scolaires, qui excèdent les capacités de traitement actuelles. Et de pointer : Il est scandaleux que des délestages sauvages soient réalisés en catimini, sans prévenir les riverains et les professionnels de la mer dont la production est mise en danger.
De précédents épisodes de contaminations, comme celui-ci, ont entraîné la fermeture de la plage de la Pointe du Bill en août dernier, en raison de contaminations bactériennes.
« L'attractivité de notre territoire ne doit pas se faire aux dépens du parc naturel et de la qualité de vie des résidents ».