Petite histoire de Berder.
Parmi les maisons des Petites Sœurs de St François, il est une d'un caractère si particulier que nulle autre ne lui est semblable sous aucun aspect, hormis celui de la vie "pour Dieu", à la fois raison d'être et but de toute Communauté religieuse... C'est BERDER, petite île bretonne de 24 hectares, que beaucoup de lecteurs connaissent, au moins de nom. Elle est située au fond du Golfe du Morbihan, d'après le carte marine, au 47° 5 de latitude Nord et 2°5 de longitude Ouest, BERDER que l'on prétend la plus belle île du Golfe, BERDER qui inspire les poètes et fait écrire d'elle :
De cette poussière de diamants enchâssés dans le collier de perles du Golfe, BERDER est le joyau, serti de varechs d'or, couronné d'un diadème de futaies de pins qui font une tâche verte sur la mer, une autre dans le ciel, toutes deux étincelantes. -BAZIN-
BERDER, enfin, dont Mgr Le Bellec, évêque de Vannes a écrit : "Si le Morbihan à le privilège de posséder tant d'îles, il en est une parmi celles du Golfe qui, plus que d'autres, attire, car elle est la plus religieuse de toutes".
Éloge bien grand, semble-t-il, pour une si petite parcelle de terre émergeant des flots, mais juste à plusieurs titres. Pour le moment, laissons la poésie et l'idéal pour l'histoire.
Celle-ci remonte pour la connaissance que l'on en a, à 1750, date à laquelle on trouve, sur le "rôle du Vingtième" (actuel impôt foncier), de la Subdélégation d'Auray, paroisse de Baden, un premier nom de propriétaire foncier :
Mademoiselle Dubreuil-Jarno et ses frères et sœurs. Et c'est peut-être à ce moment que l'île reçoit son nom, puisque BERDER, en vieux breton "BERDIC" se traduit par "frères et sœurs d'une même famille". Les archives révèlent encore les noms de plusieurs propriétaires successifs de ce rocher stérile, selon toute apparence, puisque, au début du XIXème siècle, encore aucun arbre n'y poussait, laissant alors libre place aux ajoncs d'or.
Cependant, Monsieur l'Abbé Trévidic, ancien recteur de Larmor-Baden et aumônier de l'île jusqu'en 1970, nous a appris que, dans la seconde moitié du XIXème siècle, elle était habitée par trois frères cultivateurs y exploitant une ferme. C'était la famille Rio, dont les descendants habitent encore Larmor-Baden. Ils étaient seulement locataires, car le bien-fonds appartenait aux familles Couriault, de Volts, Dreux, puis au Capitaine Brossard, toutes ces familles habitant Larmor ou la côte environnante qui leur appartenait également sur une bonne étendue. C'est d'ailleurs la première de ces familles qui, ayant fait une démarche auprès de l'Empereur Napoléon et de l'Impératrice Eugénie, obtint d'eux l'argent nécessaire pour faire bâtir l'église actuelle de Larmor-Baden.
En 1860-1879, le Comte et la Comtesse Dillon (1) achetèrent l'île, encore seulement plantée de quelques pins et d'une demi-douzaine de pommiers. La petite maison basse prolongée de quelques dépendances que l'on voit encore à gauche du bâtiment principal était, alors, la seule habitation de l'île. Le Comte entreprit donc la construction d'une résidence et de ses dépendances, en rapport avec des habitudes de vie facile et confortable. Tout d'abord, il fit ouvrir à l'Ouest de l'île une carrière de laquelle on tira toute la pierre destinée aux travaux. Ceux-ci commencèrent par l'établissement de la chaussée qui, à l'entrée de l'île, à marée basse, rattache celle-ci au continent. Puis dans un ordre logique, furent successivement élevés la Pêcherie pour le matériel ostréicole, et un bâtiment dont une pièce abritait le matériel des bateaux, et l'autre un atelier de ferronnerie. Dans la partie centrale de l'île, un bâtiment fut spécialement élevé pour servir d'atelier de menuiserie. Furent ensuite construits les bâtiments résidentiels tels que, dans leurs grandes lignes, nous les connaissons aujourd'hui. Au rez-de-chaussée, un grand hall, une vaste salle de billard et des bureaux, une belle galerie. Au premier étage, une immense salle à manger, un très vaste salon, des chambres. Enfin, au second étage, des chambres de service et un grand atelier où la Comtesse Dillon pouvait satisfaire son attrait pour la peinture. Rien du confort possible à l'époque n'avait été négligé. On pouvait compter cinq salles de bain, et le Comte Dillon disposait dans son bureau d'un appareil Morse pour le télégraphe. La décoration de la plupart des pièces avait été confiée à un peintre italien.
(1) - DILLON (Arthur Marie, Comte), homme politique français, né à Paris en 1834.... mort à Berder en 1922.... Petit-fils d'un Général guillotiné en 1794. Sorti de Saint-Cyr dans la cavalerie, il démissionna pour entrer dans l'industrie. Ami intime du Général Boulanger, il négocia l'entente de celui-ci avec les monarchistes et s'enfuit avec lui à Bruxelles (1889). Condamné à la déportation perpétuelle dans une enceinte fortifiée, il fut néanmoins élu député de Lorient en Septembre 1889 ; mais la Chambre ne valida pas l'élection. Il fut amnistié en 1895.
Un peu plus loin dans l'île, pour répondre aux goûts artistiques de son épouse, le Comte fit élever un bâtiment original, sans beauté particulière une tour hexagonale de cinq étages. Sur sa terrasse, elle offre aux visiteurs un magnifique panorama du Golfe dont elle est le plus haut point de vue.
Il fit aussi aménager un atelier appelé : chambre de la photographie. Là étaient souvent reçus des peintres et des sculpteurs. Non loin de la Tour, des dépendances et remises pour une douzaine de voitures, des écuries, un manège marqué en bas-relief des écussons de la famille Dillon, permettait le dressage d'une dizaine de chevaux que l'on pouvait admirer d'une tribune.
A la pointe Nord-Est de l'île, la Chapelle Sainte Anne fut élevée en 1865 pour le mariage du fils Dillon. Ce gracieux édifice néogothique abrite encore les corps du Comte et de la Comtesse.
Pour encadrer tous ces bâtiments, l'île, encore à peu près inculte, fut transformée en un joli parc. Les ajoncs épineux firent place à des arbres et arbustes de toutes espèces. Le climat, très doux à cet endroit, permit d'acclimater : palmier et arbres résineux, oliviers et surtout mimosas on grand nombre, ce qui donne sous un ciel bleu parfois très intense et dans la lumière étincelante reflétée de tous côtés par la mer, un paysage tout méditerranéen.
En effet, BERDER est une île, c'est à dire une terre entourée d'eau de tous côtés. Il fallait donc, de celle-ci, en rendre l'accès facile en dotant sa côte de quais praticables selon les marées. L'un, sur la côte Est, en prolongement d'une belle allée couverte venant de la maison, construit en 1885, porta successivement les noms de : Quai Fahler, et, depuis 1959, Quai Jean XXIII. C'est à "Port Dillon" que les invités du Comte Dillon embarquaient sur la "Manuella", yacht ancré dans la baie Sainte Anne.
Sur la côte Ouest, face à l'île Gavrinis, une jetée s'avançait assez loin dans la mer, presque aussi importante que celle de Larmor-Baden, elle permettait l'embarquement même à marée basse. Malheureusement, pour le bien de leurs parcs à huîtres, les ostréiculteurs la démolirent en 1930.
Plus au Nord, vers la Pêcherie, un barrage, visible seulement à marée basse, fut établi pour empêcher la fuite du poisson, constituant ainsi une "réserve", d'où le nom de "Pêcherie". Non loin également de la chaussée, une petite cale d'embarquement permet encore l'abordage par barque, lorsque la marée haute isole BERDER.
Enfin, pour rejoindre la côte et, de la côte, la route Vannes-Auray, le Comte Dillon fit aménager, en route, le chemin de terre conduisant à Larmor-Baden. On a souvent parlé de l'existence de souterrains partant de la maison d'habitation : l'un servant à se rendre à la Chapelle Sainte Anne, l'autre qui aurait relié l'île à Port-Navalo. L'importance de ce dernier étonne, mais certaines tractations politiques ont pu l'inspirer, et la collaboration du Comte Dillon à divers travaux de ce genre, notamment la pose de câbles sous-marins reliant Paris à New York, put rendre le projet exécutable. Toutefois, aucune précision n'est connue sur ce sujet. Quoiqu'il en soit de cette éventualité, l'île ainsi organisée était certainement une fort agréable résidence pour les propriétaires qui y vécurent, entourés de leurs enfants et petits-enfants jusqu'à leur mort en 1924 et 1926.
L'île par elle-même était façonnée avec beaucoup de bon goût. La main de l'homme y était restée discrète et n'était intervenue que pour aider, prolonger, ou préserver ce que la nature lui offrait si généreusement. En arc-boutant un rocher, en soutenant un terre-plein, en limitant les ébats trop violents de la mer, c'était sagesse, c'était collaborer avec la création pour faire œuvre belle, originale et aimable.
La vie dans le petit manoir, flanqué d'une gracieuse tourelle coiffée en poivrière, ne manquait certainement pas de cachet, d'élégance et de fantaisie. On imagine facilement, aux jours de réception, les beaux équipages monter fièrement la belle avenue menant à la cour d'honneur. On devine aussi, folâtrant dans les grandes allées bien tracées, les élégantes invitées un peu embarrassées dans leurs longues robes froufroutantes, ou se divertissant sur les plages... Et puisque un yacht et une flottille miniature étaient à l'ancre dans l'anse de Sainte Anne, on peut penser que de joyeuses parties étaient organisées en mer.
Toutefois cette prospérité, ce luxe connurent peut-être des ombres... En 1920, la duchesse d'UZES, amie de la famille Dillon (1), rachète l'île en laissant les premiers propriétaires y habiter. Elle même y fit quelques séjours en compagnie de ses deux fils et de ses filles : les duchesses de LUYNES et de BRISSAC, mais la revendit dès 1927... Le Général Boulanger y fut reçu en 1889 ; l'Archiduc Charles avant 1914....
(1) La duchesse d'UZES fut la première femme de France à obtenir le permis de conduire en 1898. Sa devise était "Bien faire et laisser dire". La devise de la famille : "Ferreo, non auro" (Par le fer, non par l'or).
Ainsi, pendant un demi-siècle, BERDER fut sans doute l'île la plus mondaine du Golfe. De grands personnages du monde militaire, scientifique, artistique, et surtout politique, y sont passés. Désormais d'autres grandeurs y passeront et feront cette île "la plus religieuse du Golfe", selon le mot déjà cité.
La vie qui va l'animer maintenant est totalement différente. En effet, les Religieux Oblats de Marie Immaculée en font l'acquisition en 1927 pour y établir un Noviciat. La grande salle à manger est transformée en chapelle, et un bâtiment, peu élégant malheureusement, relie le manoir à la tour. Chaque année, une soixantaine de Novices-Oblats viennent à BERDER s'initier à la vie religieuse et aux travaux manuels qu'ils pourront avoir à faire en mission, cela avant de se diriger, pour leurs études théologiques, vers leurs séminaires. Il en est ainsi jusqu'en 1937. C'est alors que Mgr Tréhiou, évêque de Vannes, d'accord avec les Pères Oblats désireux de quitter l'endroit, se met en rapport avec la Congrégation des Petites Sœurs de St François d'Assise.
C'est ainsi qu'en Octobre l937, nos Petites Sœurs effectuent dans le Golfe une promenade d'un genre spécial : par trois voyageurs en bateau, elles déménagent !.... Au terme de la dernière traversée, elles sont, avec leur Supérieure, Mère Marie Honoré, accueillies par le recteur de Larmor-Baden et par le Père Secrétaire des Oblats de Marie Immaculée. Pendant quelque temps, trois religieux restent avec les Petites Sœurs, alors au nombre de cinq, et qui, dans ce grand domaine, doivent être un peu perdues !... Mais le travail qui les réclame de tous côtés a bien vite fait de les plonger dans la réalité, et Mère Honoré n'est point femme a se laisser submerger par la tâche !...
Il faut se mettre au travail, décider, organiser, tout préparer pour le 4 Novembre, jour fixé en lequel Mère Marie-Léonard, alors Supérieure Générale, accompagnée de Mère Marie Baptiste, doit, en présence de Mgr Tréhiou, prendre possession de l'île. C'était en 1937.
L'idée directrice avait été tout d'abord de faire de cette maison un Etablissement pour enfants malades osseux. C'était aussi le rêve d'un Docteur. Mais, dès le début, quelques pensionnaires y viennent à demeure, et, déjà, en Juillet 1938, la maison prend allure de pension de famille. Les Petites Sœurs donnent également des soins à domicile à Larmor. Puis les premiers groupes viennent travailler et se recueillir, et la J.I.C.F., avec Monsieur le Chanoine Drouet, alors directeur des Oeuvres de Vannes.
Hélas, la guerre de 1939 éclate et suspend momentanément l'orientation de la maison naissante. Les pensionnaires quittent l'île, en 1940, tout le Collège de St Louis de Lorient s'y replie. Il y restera jusqu'en 1944. Nos Petites Sœurs et les Religieux qui accompagnaient ces enfants partagent en commun une même vie religieuse, en particulier pour les offices. Beaucoup de réfugiés du Nord et de la frontière italienne, des prisonniers même, sont accueillis pendant cette période douloureuse de notre histoire.
Dès la fin des hostilités, des transformations sont effectuées qui se poursuivent toujours d'année en année, étant donnés les nouveaux besoins qui se font jour.
Indépendamment des groupes qui n'ont pas tardé à venir, des groupes de plus en plus nombreux demandent à séjourner à BERDER.
Actuellement, en dehors des vacances scolaires plutôt réservés aux estivants, et les colonies de vacances où petits et grands trouvent le repos, la saine détente, le grand air sans abandonner la vie familiale, l'œuvre essentielle parait s'orienter de plus en plus vers l'accueil des groupes quelqu'ils soient, désirant venir prier ou travailler dans le silence. Retraites, récollections, sessions, séminaires, se succèdent, et les groupes reçus sont très variés : Prêtres, Religieuses, Foyers, Fraternités de malades, Ingénieurs, Scientifiques. Et les jeunes : Etudiants, Séminaristes, Scouts, Jeannettes....
Ils sont variés, les hôtes de BERDER, et si nous recevons chaque année les Evêques de l'Ouest pour une session, nous avons accueilli un jour de Juin, le Cardinal Marty qui célébra dans notre chapelle. Mais la visite la plus illustre fut celle de Mgr RONCALLI, nonce à Paris, qui, le 27 Juillet 1949, présidait le pèlerinage de Ste Anne d'Auray. C'est depuis cette visite simple et cordiale, selon l'habitude que le Saint-Père sut garder jusqu'au bout, que le principal quai de l'île reçut le nom de Jean XXIII.
Si dès la fin du XIXème siècle, l'île s'ouvrait à d'illustres personnages, BERDER, aujourd'hui, n'a pas failli à la tradition, mais le plan de ses préoccupations a changé, sa vocation s'est orientée, elle a fait le "passage", elle est sauvée et salvatrice. L'île est devenue "religieuse" par la vocation même des âmes qui l'animent, "religieuse" par l'apostolat qui y refait ses forces ou qui s'épanouit. "Religieuse" enfin par sa nature même qui, là, irrésistiblement, parle de Dieu à toute âme droite. A BERDER, il est facile de chanter les paroles du Psalmiste :
Les cieux racontent la gloire de Dieu,
Et l'œuvre de ses mains le firmament la chante.
Le jour au jour en publie le récit
Et la nuit à la nuit en transmet la connaissance
Ps. XVIII
Mais cette beauté même de l'île ne doit-elle pas son harmonie, son charme bienfaisant et sauveur, aux valeurs spirituelles profondes de prière, de travail et de charité qui, tout au long de l'année, tissent les jours des âmes fidèles à l'idéal évangélique ?... Valeurs profondes souvent mises en commun d'ailleurs entre celles qui demeurent et ceux qui passent.
François, le Petit Pauvre, pour qui la nature et le loup de Gubbio étaient des frères et sœurs très soumis, François qui faisait chanter la Gloire de Dieu par ses frères les oiseaux, François qui nous réapprend la prière de Jésus : "Notre Père"... en refaisant un monde fraternel, a quelque chose à nous dire sur le mystère de Berder...
Paradis retrouvé… au gré des flots... au gré de Dieu...
Après avoir quitté l'Anjou puis la Loire Atlantique tout enveloppée de brume, nous arrivions à BERDER un matin de mi-Janvier, dans une île éblouissante de lumière, au milieu d'un calme extraordinaire de douceur et d'apaisement. Au ciel, pas un nuage, dans les rochers, à l'abri, une chaleur d'été.
Par ci, par là, dans les pins, des tâches jaunes : c'est le piquant ajonc et le duveteux mimosa.
Le mimosa !... surprenante flore de BERDER ; à côté des arbustes et denses camélias dont les fleurs blanches et vermeilles se découpent avec vigueur et netteté dans le feuillage épais et sombre, jaillissent, haut dans le ciel, droites et élancées les branches de mimosa porteuses de ces légères feuilles aux mille folioles. Sur le fond gris bleu si fin qu'elles forment, ruisselle, dans le ruissellement du soleil, l'or des petites houppes impalpables et parfumées. Sur la plus haute branche, un oiseau gonfle sa gorge rousse pour chanter cette merveille que le regard ne peut épuiser, ni tout à fait comprendre... L'homme, aujourd'hui, fait d'un seul vol, 17 fois le tour de la Terre, mais il n'a pas encore fait le tour d'une boule de mimosa.
La nuit est venue... L'oiseau s'est tu, et par-dessus l'île, la lune trace un grand arc en plein centre, faisant de la mer son mouvant miroir d'argent.
Le vent aussi est venu : il souffle dur, aujourd'hui il est frais, mais au ciel brille encore l'astre de feu. La mer est nerveuse, elle se frange de blanc et scintille de lumière, pourtant une brume bleue enveloppe les lointains...
Contraste des températures... contraste des lignes et des couleurs...
L'olivier doux et pacifique se nourrit de la même terre que l'agressif ajonc : c'est l'oeuvre du Seigneur, en ses mains tout est harmonie, tout devient accueillant à l'homme.
Sur ce continent miniature, les paysages s'opposent en s'unissant : rudesse de la Bretagne et sourire du Midi. Le plantureux et sage potager voisine avec l'aridité de la roche hérissée d'ajoncs fous, la forêt entoure le champ, la douce prairie s'infléchit vers la mer, apaisant le sol tourmenté de granit. Fleurs sauvages de la lande bretonne et fleurs précieuses de jardin ont chacune leur secret de finesse... Le fragile champignon se réfugie dans l'humus moelleux, tandis que l'algue infatigable bat le rocher impassible.
Autour de l'île, criques déchiquetées par le flot, grèves de rochers en débris et plages de sable se partagent la côte. Et celle-ci, au calme à bâbord, est, à tribord, fustigée par l'un des plus grands courants du Golfe.
Mais la nuit à nouveau descend... le soleil si délicat en ses voiles roses du matin a, pour descendre, à l'horizon le soir des violences incendiaires magnifiques. Et, là-haut sur la Tour, un dernier contraste parfois nous saisit : le jour finissant à l'Occident éclaire encore le ciel jusqu'à la rencontre très marquée au-dessus de nos têtes du bleu sombre de la nuit montant de l'Orient. Intense impression de deux mondes...
La terre et le ciel.... unis dans l'infini... par la grâce de l'éternel Dieu d'Amour.
Et la lune va recommencer, au-dessus de l'île, sa course d'argent.
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Voir ici l'Historique de Berder.