Éditorial

Hôtel de luxe à Berder : de multiples illégalités couvertes ou encouragées par les pouvoirs publics.

On était en droit d’attendre que, face a un opérateur privé qui cherche avant tout à faire du profit, les pouvoirs publics aient d’abord le souci de la protection de l’intérêt général.

Il n’en a rien été, bien, au contraire !

Il faut se souvenir d’abord que la société Yves Rocher avait essayé d’installer un centre de thalassothérapie à Berder en cherchant à expulser l’Association LVT qui y faisait du tourisme social et ce, avec la complicité du Maire de Larmor Baden de l’époque, André Beauchesne.

Ce maire fit fermer le centre de vacances LVT en début de saison en lui imputant à tort des travaux de sécurité…. Il fut contraint de démissionner, signant l’échec définitif du Groupe Rocher.

Le Groupe Rocher vendait alors Berder au Groupe Giboire pour 4 millions d’euros. Celui-ci manifestait rapidement son intention de réaliser un hôtel de luxe avec piscine, spa et parking.

Premier acteur public de l’opération, Denis Bertholom, Maire de Larmor Baden, se montrait plein d’enthousiasme pour ce projet et prenait des dispositions dans le PLU pour permettre l’opération : principalement, réduction de 70 % à 10 % de la surface boisée protégée et création d’un zonage Nt reliant le manoir aux pêcheries afin de faciliter les constructions et extensions.

Fort de ce soutien, le groupe Giboire investissait son île sans se soucier de la légalité:

Demande de permis de construire l’hôtel, déclaration de travaux pour la Petite Pêcherie, occupation illégale de la Grande Pecherie située sur le domaine maritime avec travaux sans déclaration préalable ni permis de construire ! Dans le même temps, le Groupe Giboire aménageait un espace privé à proximité des pêcheries et interrompait pour ce faire le sentier littoral inaliénable au nord de l’Ile.

Sans plus se soucier de légalité ou d’environnement, Denis Bertholom accordait au groupe Giboire le permis de construire l’hôtel avec extension béton de 30 %, piscine et parking de 97 places ! En même temps, il ne s’opposait pas à la transformation de la Petite Pecherie en appartements, ignorait superbement les travaux d’aménagement et de transformation de la Grande pêcherie en 2019, ainsi que le détournement du sentier côtier.

Pour faire bonne mesure, il stigmatisait violemment, parfois en conseil municipal, le travail des associations bénévoles tendant à faire respecter la loi et protéger l’environnement à Berder.

Avec un conseiller municipal ( Christophe Guyomard ), le maire créait un collectif ouvertement dédié au soutien du groupe Giboire puis une association ( Larmor Baden Durable ) dirigée par un influenceur parisien du nom de Pierre Violo.

Deuxième acteur Public ayant eu à traiter le dossier de Berder, le préfet et ses services :

Trois préfets (*) se sont succédés depuis le début de l’opération : tous ont failli au niveau du contrôle de la légalité comme le montreront bientôt les juridictions administratives.

Le premier préfet autorisait le défrichement de 3.600 m² de boisement à Berder, autorisation demandée par le groupe Giboire, pour une aire de stationnement alors même qu’une ordonnance de référé avait suspendu les effets du PLU à Berder.

Grâce a l’intervention des associations, le préfet reviendra sur sa décision en visant l’ordonnance de référé.

Pire, aucun des trois préfets ne va dresser le procès-verbal de contravention de grande voirie à l’encontre du groupe Giboire pour l’occupation illégale de la Grande pêcherie sur le domaine maritime, occupation reconnue par l’intéressé lui-même.!

Pire encore, condamné par le tribunal administratif à dresser procès-verbal contre l’occupant illégal de la Grande Pêcherie, le préfet ne s’est toujours pas exécuté, même quand la cour d’appel de Nantes a décidé l’exécution provisoire de cette décision!

Le préfet a-t-il des instructions ? Agit-il de lui-même pour préserver le Groupe Giboire ?

Un autre épisode très révélateur, va survenir :

Dans la procédure opposant les associations au Préfet et au groupe Giboire devant la cour d’appel de Nantes, le Ministère de la Transition Écologique est venu présenter une requête au soutien du préfet pour demander l’annulation du jugement et le rejet des demandes des associations.

Deux mois après, en février 2023, le même ministère déclarait se désister de sa requête, abandonnant ainsi le préfet à ses obligations de dresser procès-verbal !

Cela interroge sur d’autres interventions possibles dans les hautes sphères du pouvoir.

Troisième acteur incontournable dans ce dossier apparaît David Lappartient, président du conseil général du Morbihan et président du parc naturel régional du département.

Après avoir laissé planer le doute sur ses intentions, David Lappartient s’est très vite retourné contre les Associations pour soutenir ouvertement Denis Bertholom et le groupe Giboire, ajoutant que jamais le département n’investirait à Berder car il n’en avait pas les moyens ! (l’ile a été vendue pour 4 millions d’euros NDLR)…

David, Lappartient a remplacé François Goulard à la tête du département, celui là même qui a déclaré que Berder n’était pas un espace remarquable ! Ensuite, les connexions sont plus discrètes, mais il faut savoir que Nicolas Sarkozy est membre du club cycliste de David Lappartient, que l’angevin Christophe Bechu ministre de la transition écologique, et que toutes ces personnes appartiennent à un même parti « Les Républicains » réputé peu soucieux d’écologie.

Enfin Olivier Biancarelli, nouveau "Directeur Général des activités Promotion Immobilière et Aménagement au sein du Groupe Giboire", fut aussi un ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur.

L’un d’entre eux, et non des moindres , a pu dire, il n’y a pas si longtemps : « l’environnement, ça suffit! »

(*) Patrice Faure, date de nomination 10 juillet 2019; Joël Mathurin, date de nomination 19 mai 2021; Pascal Bolot, date de nomination 10 août 2022.