Hydroliennes du golfe : vers un avis favorable du préfet du Morbihan

Si le préfet donne son accord, les deux hydroliennes seront immergées dans le golfe du Morbihan,entre la pointe du Monteno et l’île Longue.

Le préfet du Morbihan doit statuer sur l’expérimentation des hydroliennes dans le golfe, avant la fin de l’année. L’avis favorable émis par le Coderst, la semaine dernière, laisse peu de place au doute. L’expérimentation des hydroliennes dans le golfe du Morbihan devrait être approuvée par le préfet dans les jours qui viennent. Mardi 5 décembre, les membres du Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst) ont donné un avis favorable à la pose de deux hydroliennes de 0, 25 MW dans le courant de la Jument, pour une durée de trois ans. « En 30 ans de Coderst, je n’ai vu qu’une fois le préfet prendre un avis contraire à celui de ce conseil. Ce serait une surprise qu’il le fasse sur ce dossier », confie un participant. Il s’agit de la dernière étape du processus avant décision préfectorale. Seuls trois votants n’ont pas donné leur aval à ce projet : l’UFC que choisir, la Fédération de pêche et Eaux et Rivières de Bretagne. Dans ce conseil siègent, notamment, des représentants des services de l’État, des élus des collectivités et des membres d’associations.

Avis défavorable du commissaire-enquêteur

Le commissaire-enquêteur avait pourtant émis un avis défavorable, le 21 septembre dernier, à l’issue de l’enquête menée cet été dans les deux communes concernées : Arzon et Larmor-Baden. 487 contributions avaient été portées au dossier. « Nous avions été surpris de lire un avis aussi défavorable, rappelle Jacqueline Mollé, d’Eaux et Rivières de Bretagne. Mais le Coderst est une instance déséquilibrée, où les voix des associations pèsent peu».

« Le travail d’un commissaire-enquêteur est de se prononcer sur la forme, nous nous sommes prononcés sur le fond », estime un membre du Coderst, favorable à l’expérimentation. Le commissaire-enquêteur avait pointé du doigt l’étude d’impact acoustique, les conséquences pour les pêcheurs de loisirs et professionnels, pour les plongeurs et la perturbation sur les zostères. Jean-Claude Briens, un des membres de l’Union nationale des associations de navigateurs, estime la décision du préfet attaquable, si effectivement, il donne son aval à cette expérimentation : « Le fait qu’il ne suive pas l’avis du commissaire enquêteur est beaucoup plus facilement contestable devant le tribunal administratif. Il y aura des recours, inévitablement ».

Le préfet est désormais seul décisionnaire. Il devrait trancher avant la fin de l’année.

L’incompréhension des usagers du golfe sur le projet hydrolien

Une dizaine d’associations d’usagers du golfe du Morbihan (*) ont signé un communiqué dans lequel elles dénoncent la décision du Coderst, d’approuver le projet hydrolien dans le golfe du Morbihan. «L‘avis favorable du Coderst sur la partie environnementale apparaît être un déni au bon sens, écrit le collectif. Comment le Coderst a-t-il pu émettre un avis favorable au vu des nombreuses réserves non levées visant l‘insuffisance de l’analyse de l’état initial ? Ces réserves ont été minorées ou passées sous silence lors du Coderst, au vu du rapport de présentation».

Outre le volet environnemental, les signataires jugent l’intérêt énergétique des hydroliennes nul : « Parler d‘une source potentielle d’électricité relève de la caricature puisque les hydroliennes produiraient théoriquement, au mieux, un millième des besoins en électricité de l‘agglomération. Pire, la consommation d’énergie du projet serait plus de trois fois supérieure à sa production. Comment, dans ces conditions, le préfet pourrait-il autoriser ce projet mal ficelé et sans finalité...Nous comptons sur le sens de l‘intérêt général de l‘État à son plus haut niveau », disent les associations qui précisent être « favorables aux énergies renouvelables si elles ne sont pas des pertes renouvelables d’argent public, produites par une technologie dépassée et sans avenir comme ce projet hydrolien. »

* Amis du golfe du Morbihan (AGM), Association des pêcheurs du Golfe du Morbihan (APGM), Club de pêche de la Presqu‘ île de Rhuys (CPPR), club subaquatique Les Vénètes (CSV), Fédération desassociations de protection de l‘environnement du Golfe du Morbihan (FAPEGM), la Gaule vannetaise, Union des navigateurs du Morbihan (UNAN 56)

Le Télégramme, par Fanny Coconnier le 13 décembre 2022

Retour vers le Journal