Point de vue ...

Pierre Violo, une débâcle larmorienne.

Retour sur 9 mois de présidence de l’association Larmor-Baden Durable.

Chapitre 1. Janvier-Mai 2021

En ce début d’année 2021, la Mairie de Larmor-Baden publiait sur son site internet une offre d’emploi pour un poste d’agitateur en chef sur la commune. Les missions de l’heureux élu consistaient à porter haut et fort, dans la presse et les troquets du village, la propagande de la municipalité, soutenir ses décisions iniques et semer le désordre et la discorde parmi les villageois via la présidence d’une association « écran », créée pour la circonstance et ridiculement intitulée Larmor Baden Durable. L’annonce précisait qu’il ne s’agissait pas d’une création de poste mais d’une vacance d’emploi suite à l’éviction d’un dénommé Christophe Guyomard.

Parmi les prétendants, une candidature retenait tout particulièrement l’attention, celle de Pierre Violo, liquidateur de sociétés en région parisienne, dont la lettre de motivation transpirait toute la suffisance et l'arrogance requises pour mener à bien ces missions. L’entretien d’embauche ne fut pour lui qu’une formalité. Son appétence pour les conflits de toutes sortes, sa capacité à exploiter sournoisement les rancœurs et les frustrations, sa haine des écologistes et du genre humain en règle général  surent convaincre le jury composé de Denis Bertholom, Yannick Favé et Paul Allouet auquel s’était joint Michel Giboire exigeant un droit de regard sur le recrutement de son nouveau chargé de com’, échaudé par l’expérience de l’encombrant Christophe Guyomard.

Certes, Pierre Violo ne connaissait rien à Larmor mais son profil de petit roquet en faisait l’homme de la situation. Sûr de son fait, le postulant posa néanmoins ses conditions, non pas salariales car l’entrepreneur avait assis sa fortune en écrasant ses semblables, mais politiques. Il exigea de Denis Bertholom qu’il lui cède son fauteuil à l’horizon 2026, requête à laquelle le premier édile de la commune accéda sans réserve convaincu qu’un personnage aussi cynique incarnerait à merveille son illustre successeur.

Sitôt recruté, sitôt présenté en grandes pompes à la presse. Devant un parterre de journalistes emmenés par Catherine Lozach, grand reporter au Tėlégramme, Pierre Violo s’autoproclama sans rire « larmorien depuis des décennies ». Depuis sa luxueuse demeure à Berchis il entendait se poser en défenseur des familles modestes injustement privées d’accès à la propriété sur la commune. D’un doigt inquisiteur, il se lança enfin dans de violentes diatribes contre les associations de protection de l’environnement, ennemis tout désignés auxquels imputer les malheurs de la commune et détourner ainsi les regards des échecs répétés de l’équipe municipale. L’auditoire était conquis, les rédactions s’enflammèrent, Catherine Lozach jubilait. Un homme d’une telle mauvaise foi et capable de débiter autant d’âneries sur un air aussi péremptoire allait faire couler beaucoup d’encre et vendre autant de papier.

Pierre Violo ne se fit pas prier. Il lui suffisait de sonner Catherine Lozach pour que celle-ci s’exécute et lui offre les colonnes de son journal. Il y venait ainsi pérorer à loisir, tantôt sur les mérites de Michel Giboire dont il ne manquait jamais de préciser qu’il était proche (nous avons été reçu à Rennes par M. Giboire, je me suis entretenu au téléphone avec  M. Giboire, etc.), tantôt pour s’en prendre aux  associations environnementales qu’il tenait pour responsable du lent déclin du village. Habilement, il exploitait la fibre nostalgique d’une époque révolue, largement fantasmée et qu’il n’avait d’ailleurs jamais connue : le Larmor aux  4 troquets et 3 hôtels, son boucher, sa station-service… Le Berder luxuriant avec sa vigne et ses vergers d’autrefois que son ami Michel Giboire promettait de replanter… Des propos creux, vides de sens mais auxquels n’étaient pas insensibles des villageois amers, qui se sentaient depuis trop longtemps déconsidérés et dépossédés de leur destin.

Lors de sa prise de fonction, Pierre Violo avait hérité d’une ambiance tendue, savamment orchestrée par son prédécesseur. Il avait su en tirer parti, instrumentaliser les frustrations, exacerber les crispations identitaires, pour fédérer autour de son discours toutes les rancœurs trop longtemps refoulées. Il ne proposait rien si ce n’étaient des boucs émissaires sur lesquels cogner sans discernement. En cette année 2021, Larmor-Baden, qui revendique toujours un particularisme imaginaire, était en fait à l’unisson de la Nation. La France s’enthousiasmait pour Eric Zemmour, Larmor-Baden pour Pierre Violo.

Chapitre 2. Juin-Octobre 2021

La politique mortifère de Pierre Violo atteint son paroxysme au mois de juin (du moins le croyait-on). A l’occasion d’une cérémonie grotesque au cours de laquelle l’orateur harangua ses partisans sur le parvis de son employeur, la Mairie de Larmor-Baden, la petite troupe s’en alla tout bonnement exhumer un cercueil et par là-même de vieux conflits auxquels l’intéressé ne connaissait rien mais dont il avait vite compris qu’ils pouvaient servir ses minables intérêts. On pensait alors avoir touché le fond. C’était sans compter sur le rassemblement organisé la semaine suivante par le collectif Berder Ensemble. Pierre Violo, en roue libre, se targua alors d’avoir effectué un « comptage vidéo » des Larmoriens ayant pris part à cette manifestation. Ce macabre décompte s’appuyait sur des séquences scélérates, volées derrière une fenêtre. Qu’importe qu’il soit illégal de filmer dans l’espace public des personnes sans leur consentement et pour le moins douteux de trier les citoyens en fonction de leurs origines.

Mais Pierre Violo ne s’en laissa pas compter. En petit flic de l’identité larmorienne, il livra ses sinistres statistiques à la vindicte populaire. S’en suivirent un flot d’insultes et de menaces physiques sur la page Facebook du collectif citoyen administrée par Christophe Guyomard. Cette ambiance délétère déborda des réseaux sociaux pour venir s’afficher sur les devantures des commerces. « Trop de mensonges, demandez la vérité aux larmoriens !» pouvait-on lire sur la vitrine de notre pharmacienne, jamais bien loin dès lors qu’il y a une connerie à dire ou à faire. Quand on a touché le fond, on peut encore creuser…

En ce début d’été cependant, la décision du Tribunal Administratif de Rennes annulant partiellement le PLU de la commune, suivie dans la foulée du communiqué du groupe Giboire annonçant l’abandon du projet d’hôtel à Berder, semblaient tomber à point pour mettre tout le monde d’accord et ramener un peu de calme dans une commune totalement hystérisée sous la houlette de Pierre Violo. Et ces annonces furent effectivement salutaires, chacun semblant s’y ranger, parfois par dépit, souvent résignés. Il faut alors reconnaître aux éléments les plus engagés dans le soutien au projet Giboire, d’avoir eu le mérite, sinon la sagesse, de mettre un terme, ne serait-ce qu’apparent, à leurs revendications.

Mais une ambiance apaisée ne fait évidemment pas les affaires d’un polémiste tel que Pierre Violo. A l’image de nos partis politiques qui en ce mois de septembre font leur « rentrée », Pierre Violo a fait la sienne en se fendant d’un « communiqué » adressé à la presse. On se doutait qu’il pourrait difficilement s’abstenir plus longtemps de remettre une pièce dans la machine. On se doutait également que s’il n’y avait qu’une seule journaliste qui jugerait opportun de se saisir de ce torchon pour en faire une tribune, c’était… Catherine Lozach, évidemment ! Lorsque ses confrères de Ouest-France ne daignaient pas y donner suite, Catherine Lozach annonçait dans le prestigieux Télégramme… « Un pavé dans la marre à Larmor-Baden ! » Diantre ! En l’espèce, les élucubrations fantaisistes d’un agitateur de menaces en tous genres qui se dit convaincu « à 250 % » que l’accès du public à Berder est menacé par l’abandon du projet d’hôtel.

Rendez-vous compte ! Le drame se nouerait si Michel Giboire ne sollicitait pas le renouvellement des AOT ou qu’il ne lui était pas accordé. Il délaisserait alors le gois qu’il entretient consciencieusement depuis des années. Son état en atteste. Plus sérieusement, c’est évidemment ce qui pourrait arriver de mieux car ce serait alors à l’État qu’incomberait cet entretien et il pourrait difficilement faire pire en la matière que l’actuel propriétaire de l’île qui n’a pas investi un centime dans cette chaussée, pas davantage que dans la tour, éventrée l’hiver dernier et qui ne passera pas le prochain hiver, faute de travaux de consolidation, pourtant promis par la bouche de son chargé de com’, l’inénarrable Pierre Violo.

Puisqu’en toute chose malheur est bon et qu’il nous faut bien conclure sur une note d’optimisme, nous ne nous éterniserons pas sur les sempiternelles lubies couchées sur papier glacé dans son « communiqué » par notre petit scribouillard du dimanche : « les associations sont manipulatrices, les associations racontent des mensonges, etc. ». Nous préférons fonder quelques espoirs dans les nouvelles missions que Pierre Violo revendique désormais : garantir l’accès public à Berder et brandir à la face des tribunaux la longue tradition d’accueil de l’île dont il entend désormais réunir les preuves, après avoir martelé des mois durant qu’elle était strictement privée et que les citoyens n’avaient pas à se soucier de son avenir. Nul doute qu’il viendra bientôt verser quelques larmes sur l’époque LVT et les belles heures du tourisme social.

Il est peut-être là finalement le « pavé dans la marre » vendu par notre grand reporter : la volte-face d’un homme prêt à toutes les compromissions pour se sentir exister. Acculé, Pierre Violo s’engage sur une pente dangereuse. Il en oublie que le Larmor qu’il prétendait connaître en a « consommé » des petits chefs de son espèce. Denis Bertholom le savait pertinemment lorsqu’il feignit de l’adouber futur Maire de la commune. Il n’entendait bien évidemment pas céder sa place mais s’amusait de voir ce petit parvenu, dévoré par des ambitions personnelles, rouler pour lui avant de se brûler les ailes. Pierre Violo, au final, n’aura satisfait qu’aux exigences de sa fiche de poste. Un employé modèle en quelque sorte.

F2LB