Sauver l'île de Berder, c'est sauver l'humanité, un espace de liberté
France-Inter, Chroniques littorales lundi 15 mars 2021, par Jose Manuel Lamarque
Nous nous permettons de reproduire ici l'article de France-Inter paru sur leur site.
L'île de Berder est un joyau du Golfe du Morbihan et pourrait être bientôt restreinte au public, pour cause de la construction d'un hôtel de luxe qui priverait les visiteurs, les promeneurs, les amoureux de la nature de ne pouvoir s'y rendre à leur gré, simplement à pied par marée basse. Il faut sauver Berder !
Nichée dans le Golfe du Morbihan, Berder est une île où l'on peut se rendre à pied.
C'est magique une île, dit Jean-Louis Etienne. Mais cette magie peut-être tuée par l'arrivée d'un complexe hôtelier de luxe qui restreindrait la promenade sur l'île, donc priverait de liberté celles et ceux qui seraient tentés de s'y rendre.
A l'heure de l'épidémie qui restreint nos libertés, la privatisation de Berder serait une nouvelle étape de l'enfermement au profit du profit. L'association Berderensemble se bat pour que Berder demeure cet espace où rêveurs, poètes, artistes, enfants, promeneurs, marins, réfugiés, religieux, laïques et simples passants s'y sont laissés envoûter, un instant, une journée, une vie.... L'association souhaite donner à Berder un statut qui concrétiserait cette vocation universelle, afin qu'elle soit à tout jamais l’île de chacun, l’île de personne, en y créant un parc départemental de l’île de Berder géré par le Conseil général, appuyé par la Région Bretagne et par l’État.
En cette époque de morosité, Berder doit devenir un joyau d’enthousiasme, pour le bien de tous, le bien commun
Jean-Louis Etienne : "Berder est une magnifique île sauvage du golfe du Morbihan. Le propriétaire propose d'en faire un parc privé avec un hôtel 4 étoiles de 80 chambres et donc c'est une sorte de confiscation à la population, d'une manière générale, et une confiscation de la nature.
On ne peut pas enfermer ces joyaux de la nature où les gens aiment aller. Cette nature est sauvage. On peut faire le tour de l'île, on peut s'y promener...
C'est contre ça qu'un certain nombre d'amis et de nombreuses personnes s'élèvent dans le secteur. Il y a eu une manifestation de 15.000 personnes. Il y a une vingtaine d'associations qui bougent. Il faut arrêter ce projet qui ne correspond à rien. Cette privatisation s'annonce très mal et les gens n'en veulent pas. Il faut conserver la sauvagerie de l'île et l'accès à tous les gens qui veulent aller se promener sur l'île.
José-Manuel Lamarque : "D'où vient la discorde ?"
Jean-Louis Etienne : "C'est le groupe Giboire qui a acheté cette île à Yves Rocher, il y a quelques années. Je crois qu'ils ne s'en rendent pas compte de ce qu'ils sont en train de faire. Il y a un projet qui est uniquement économique dans leur tête, très profitable, mais on ne peut pas confisquer une île pour faire un parc privé avec un hôtel de 4 étoiles.
Surtout que l'endroit où elle est placée dans le golfe du Morbihan, c'est un havre de verdure. C'est une île. Le concept d'une île est génial. Vous attendez la marée basse, il y a une voie qui s'ouvre, un petit sentier qu'on ne peut passer qu'à marée basse. Vous arrivez sur cette île... Et il faut revenir avant que la marée remonte.
C'est une aventure d'aller sur l'île de Berder.
Et puis sur place on peut s'y promener. Il y a des bois si grands. Ça fait 23 hectares. Alors si vous faites la promenade du Tour, ça fait 2,5 km. C'est déjà une très belle promenade. C'est un sanctuaire de la nature qu'il faut absolument préserver. On a tellement besoin d'accès à la nature."
"Vous faites partie des présidents d'honneur de "Berder ensemble", un regroupement d'associations qui sont vent debout contre le projet. Il y a aussi l'écrivain Yann Queffélec, le navigateur Eugène Riguidel et aussi Gilles Servat, le musicien, l'auteur de La Blanche Hermine. C'est bien breton, tout ça !
Jean-Louis Etienne: "Oui, il y a Irène Frain... On est les vice-présidents du comité de soutien parce que, peut être, nos voix portent. Juste une parenthèse, pas très loin de là, il y a Le Bono. Le village de Le Bono et le groupe scolaire du Bono portent mon nom. Donc, je suis adopté dans le secteur !
Et ce petit joyau, il faut le conserver tel qu'il est. Alors bien sûr, il va falloir trouver un modèle économique parce qu'il y a des bâtiments qui appartenaient à des religieuses. Il y a eu des successions de propriétaires. Il y a des bâtiments dont il faut trouver une économie intelligente. Il y a des projets de parc départemental ou de parc naturel régional. Il faut effectivement que les décideurs politiques, avec les associations de défense de la nature, trouvent une issue intelligente.
L'hôtel est une forteresse qui est en train d'être construite dans le seul but de la rendre profitable.
Nous, on s'insurge contre ça et on encourage la discussion avec le groupe Giboire. Ce sont des gens qui doivent comprendre qu'ils sont sur une très mauvaise route."
Toute la considération de l'entrepreneur Pierre Violo pour le service public...
Vous trouverez ici l'enregistrement de Jean-Louis Etienne, médecin et explorateur