Éditorial
Nouvelles révélations sur Berder et les Pêcheries
Pour commencer , un peu d’histoire …
En 1878, Arthur Dillon — Comte d’opérette mais vrai aventurier, bientôt compromis dans la tentative de coup d’état du général Boulanger en 1889 — achète l’Ile de Berder.
Le 2 octobre 1883, Arthur Dillon obtient l’autorisation d’établir des chemins et ouvrages pour l’exploitation des parcs ostréicoles qui lui sont concédés au nord de l’Ile Berder : s’ensuit, la construction du «passage », puis de la petite Pêcherie et enfin de la grande Pêcherie sur le domaine maritime.
Vient par la suite la construction du Manoir et de ses annexes grâce à l’aide financière de la richissime duchesse d’Uzès, petite fille de la veuve Clicquot.
Ainsi, les Pêcheries apparaissent de tout temps comme des bâtiments à usage d’atelier et de servitude, jamais comme des habitations ou annexes au manoir construit bien après.
Cette situation durera jusqu’à l’achat de l’Île Berder en 2016 par le groupe Giboire au groupe Yves Rocher afin d’y édifier un hôtel de luxe quatre étoiles.
Parallèlement à ce projet, la société Giboire va occuper les pêcheries transformées en logements résidentiels, détourner le sentier côtier au nord de l’ile et interdire l’accès du public par la privatisation des cales et la mise en place de barrières.
Depuis cette date, les pouvoirs publics n’auront de cesse de favoriser le projet privé de la société Giboire au détriment d’un projet public accessible à tous, défendu notamment par l’association Berder Ensemble.
Ainsi, la Commune de Larmor Baden a élaboré un plan local d’urbanisme prévoyant des dispositions spécifiques destinées à permettre l’implantation de l’hôtel et de son parking. Ce PLU sera annulé définitivement par les juridictions administratives dans sa partie concernant Berder.
Ainsi le préfet a autorisé ( avant rétractation ) le défrichement d’une partie de l’Ile de Berder alors que celui-ci avait été interdit par la justice.
Ainsi, le Maire Denis Bertholom ne s’est pas opposé aux travaux de transformation des pêcheries en logements et bâtiments résidentiels par la société Giboire, effectués en 2017 sans déclaration de travaux ni permis de construire.
En effet, alors que l’aspect extérieur des pêcheries en 2017 a considérablement changé (conduits de cheminées extérieures sur la Grande Pêcherie, agrandissement et modification des huisseries sur les deux Pêcheries, ouvertures d'une fenêtre sur le pignon est de la grande Pêcherie), aucune autorisation d’urbanisme n’a été affichée sur l'île ou sur l'entrée du gois, tandis que l’avis de l’architecte des bâtiments de France (périmètre protégé par Gavrinis) n’est pas connu, s’il a été sollicité !
Le Préfet encore, qui a modifié en 2022 la dernière Autorisation d’Occupation Temporaire de la Grande pêcherie en y supprimant pour la première fois l’obligation d’activités liées à la mer, enlevant au Groupe Giboire, soit dit en passant, l’épine du pied qui lui imposait d’entretenir le passage submersible.
Aujourd’hui, le permis de construire l’hôtel quatre étoiles a été annulé par le tribunal administratif de Rennes et le dossier se trouve actuellement devant la cour d’appel de Nantes.
La société Giboire devra répondre de ces travaux de transformation des pêcheries en résidence de luxe sans permis de construire et pour partie sur le domaine maritime.
Elle devra en outre restituer au public l’accès intégral au sentier côtier littoral et l’accès au rivage.
À moins que ne se profile un nouveau scandale qui consisterait pour l’État à céder le domaine maritime inaliénable ( procédure d’endiguement ) au bénéfice d’une société privée et au détriment de l’intérêt général ?