De la tour de Berder à la vigne d’autrefois.
Dès les premiers discours, la question patrimoniale a été intentionnellement introduite dans le débat sur Berder par les partisans du projet Giboire. Facile ! Le patrimoine, d’une manière générale, est cher à chacun, emblème de la communauté qu’il rassemble. Personne ne peut être « contre » le patrimoine et chacun se soucie de sa sauvegarde. Michel Giboire lui-même, grand bétonneur de la Bretagne, inscrit le patrimoine au cœur même de sa démarche : « Le terreau de nos racines est constitué du respect de notre patrimoine, de la qualité de nos ouvrages, et de la responsabilité envers les territoires et les hommes ». Il pourrait tout autant se poser en dernier rempart contre l’effondrement de la biodiversité… Quand on se permet un tel niveau de foutage de gueule, c’est qu’on ne doit plus avoir grande considération pour ses semblables. On ne saura jamais vraiment si les porte-voix de ces âneries sur le terrain, qui n’ont eux-mêmes cessé de faire larmoyer sur l’état des bâtiments de Berder, ont réellement cru que leur mentor partageait, ne serait-ce qu’une seconde, leurs préoccupations que nous pensons néanmoins sincères. M. Giboire se moque éperdument de tout le monde, de ses détracteurs comme de ses partisans dont il exploite tantôt la naïveté, tantôt la fascination qu’il exerce.
Lorsque M. Giboire déclare en octobre dans Ouest-France qu’il « ne laissera pas les bâtiments de Berder partir en ruine », la tour s’éventre 3 mois plus tard. Lorsqu’il promet alors des « travaux de consolidation » force est de constater qu’en 6 semaines, il n’a pas davantage investit 1 centime dans la sauvegarde de cette tour qu’en 6 ans (voir les photos ci-dessous). Mais pour en détourner le regard, il s’est depuis fendu d’une nouvelle promesse qui semble à nouveau séduire ses relais larmoriens : « replanter la vigne d’autrefois, comme du temps des sœurs ». On pourrait en rire si l’on ne soupçonnait pas derrière ces pitreries des manœuvres inavouables. Attention : la tour de Berder ne s’est pas effondrée, elle demeure encore debout. Elle est fragilisée comme jamais et si rien n’est fait, il n’en restera qu’un tas de gravats avant l’hiver prochain. Sa situation est alarmante mais curieusement, plus personne n’en parle, notamment ceux qui n’ont eu de cesse de s’en préoccuper, comme si l’on voulait passer à autre chose… La vigne d’autrefois par exemple…
Il convient pourtant d’être plus vigilent que jamais car si l’on veut revoir un jour cette tour reprendre sa place dans le paysage du Golfe, c’est aujourd’hui qu’il faut agir. Car, en l’état, la loi impose à M. Giboire de la restaurer à l’identique. Lorsqu’elle sera par terre, il pourra s’affranchir de cette obligation et rebâtir alors, dans les mêmes volumes, un bâtiment à sa convenance qui se prêtera bien davantage aux standards de l’hôtellerie de luxe : chambres spacieuses, baies vitrées, etc. De là donc, à penser que M. Giboire se saisirait opportunément de la situation pour la retourner à son profit, il n’y a qu’un pas que nous franchissons allègrement. En termes d’opportunisme, le personnage a déjà montré ce dont il était capable avec la tempête Alex.
Si la question patrimoniale est une authentique préoccupation des partisans de M. Giboire et non seulement un élément de langage pour servir sa propagande, elle devrait alors transcender le simple clivage autour de la construction de cet hôtel et fédérer tous ceux qui simplement sont attachés au sort de cette tour. Il n’y a pas les défenseurs du patrimoine d’un côté et ceux qui s’en moquent de l’autre. Il y a juste urgence à agir. Nous suggérons donc à Messieurs Guyomard et Violo de rappeler celui dont ils se disent proche, à ses obligations. Nous découvrirons alors, et eux les premiers, le véritable visage de M. Giboire : un propriétaire qui assume sa « responsabilité envers les territoires et les hommes » ou un baratineur qui nous enfume avec sa « vigne d’autrefois ».
Photos prises à 51m de la tour, à la date indiquée