Histoire des Révoltés du Bounty et de leur île refuge de PITCAIRN

ou le premier “Vendée Globe” du capitaine Blight et de son lieutenant Fletcher à bord du HMS BOUNTY

L’Île de Pitcairn doit sa célébrité à l’aventure des révoltés de la BOUNTY. Située à 130° de Longitude Ouest et 23° de Latitude Sud, Pitcairn est un volcan éteint aux pentes raides culminant à 347 m et possédant une superficie d’environ 5 km². Il s’agit d’une île entourée de côtes rocheuses, dépourvue de plage, ayant pour seul accès un abri rocheux aujourd’hui équipé d’une simple jetée de protection.

L’histoire de Pitcairn, est indissociable de l’aventure des marins de la Bounty qui y ont trouvé refuge pour fuir l’amirauté britannique.

Passez la souris sur l'image :

Voici en résumé cette histoire :

Le capitaine Blight, commandant la Bounty , avait été chargé en 1787 de se rendre à Tahiti pour y embarquer des plants d’arbre à pain et de les ramener dans les colonies britanniques pour y nourrir les esclaves à moindre coût.

N’ayant pas pu franchir le cap Horn en raison de tempêtes incessantes, il fut contraint de mettre Cap à l’Est et de rejoindre le Pacifique par le cap de Bonne-Espérance et la route des Indes.

C’est donc épuisé par des mois de navigation que l’équipage de la Bounty atteignit TAHITI après une escale en Tasmanie au sud de l’Australie.

En retard par rapport à la saison de la récolte de l’arbre à pain, BLIGHT dû se résoudre à relâcher pendant six mois dans cette île. C’est pendant ces six mois que les 38 marins composant l’équipage de la Bounty y ont vécu un séjour aussi paradisiaque qu’avait été insupportable la navigation à bord et l’impitoyable rigueur du capitaine Blight.
Des idylles se sont naturellement nouées avec les femmes tahitiennes…

Après le chargement du navire, et lorsque l’ordre d’embarquement fut donné, Le capitaine Bligh eut bien du mal à rassembler son équipage et retrouver les derniers marins récalcitrants.

Mi-avril 1789, la Bounty s’éloigna de Tahiti par l’Ouest en direction du détroit de Torrès (nord de l’Australie) pour rejoindre l’Angleterre par la route des Indes. Très vite, les marins retrouvèrent la vie à bord avec ses privations et ses violences en total contraste avec la douceur de vivre à Tahiti.

Si bien que le 24 avril 1789, alors que la BOUNTY se trouvait à proximité de l’archipel des Amis et de l’île de Tofoa, une partie de l’équipage avec à leur tête le lieutenant Christian Fletcher, prit le contrôle du navire et débarqua le capitaine Blight avec 18 de ses fidèles dans une chaloupe non pontée, avec quelques menues réserves en eau et nourritures et quelques armes blanches.

C’est avec cette chaloupe et ces quelques vivres que le capitaine Blight réussit l’exploit maritime méconnu de parcourir vers l’Ouest plus de 6000 km au travers du Pacifique pour rejoindre la colonie hollandaise de Timor dans l’archipel.

De leur côté, Christian Fletcher et les mutins représentant la moitié de l’équipage de la Bounty retournèrent vers Tahiti avec l’idée de retrouver leurs compagnes tahitiennes tandis qu’apparaissaient l’évidence et la nécessité de trouver une île refuge pour échapper aux recherches de la marine britannique et à une pendaison quasi certaine.

Parvenu à Tahiti, Christian Fletcher réussit à persuader une partie des mutins qu’il fallait rechercher une île non cartographiée en dehors des routes maritimes habituelles.

L’autre partie des mutins resta à Tahiti, pensant échapper facilement à la traque de l’amirauté britannique. Erreur fatale pour ces marins qui seront retrouvés un an plus tard ramenés en Angleterre et pendus.

En tout neuf marins dont Christian Fletche quittèrent Tahiti avec leurs neuf compagnes tahitiennes auxquels se joindront cinq hommes et trois femmes également polynésiens.

C’est donc cette petite colonie de 26 personnes qui va errer encore quelques semaines dans le Pacifique sud en direction de l’Est, à la recherche d’une île pouvant les mettre à l’abri de la marine de sa majesté !

Leur errance allait bientôt s’achever avec la découverte de Pitcairn, île rocheuse mais boisée avec des versants verdoyants abrités, une végétation florissante et somptueuse, difficile d’accès en dehors d’une petite baie au sud.

Christian Fletcher identifia immédiatement le refuge idéal et les polynésiens embarqués y trouvèrent une île pleine de promesses, ne manquant ni d’eau, ni de ressources en tarot, igname et patate douces.

La petite colonie s’installa dans cette île perdue, située à 300 km de l'île la plus proche (Henderson), 700 km de Mangareva, 1570 km à l’ouest de l’île de Pâques et à 4800 km du continent sud-américain…

Assez vite, la vie s’organisa dans la perspective d’un exil sans retour, et on peut imaginer l’état d’esprit de cette petite communauté condamnée à vivre ce huis clos dans la crainte d’être un jour repérée par un navire anglais.

Christian Fletcher décida très vite d’incendier et de couler le navire dans la baie qui portera désormais le nom de Bounty Bay. Il installa un observatoire sur les hauteurs afin de pouvoir repérer toute approche de navire et donner l’alerte. Cette éventualité ne se produisit qu’une seule fois en 18 ans selon John Adams, unique survivant des mutins. Le navire qui s’était approché avait dû renoncer à débarquer en raison du mauvais état de la mer…

Des tensions de plus en plus fortes sont apparues entre les marins et les polynésiens, les premiers considérants les seconds comme devant être à leur service. S'y ajoutait le déséquilibre entre hommes et femmes puisqu’il y avait 14 hommes et seulement 12 femmes.

Selon le témoignage d’Adams, unique survivant des marins de la Bounty, les hommes en sont venus à s’entretuer dès les premières années d’occupation de l'île. Malgré son autorité et son énergie, il semble que Fletcher n’ait jamais réussi à rétablir la paix et lui-même a été assassiné dans sa troisième année de présence à Pitcairn.

Lorsque le cargo américain Topaze s’approcha de Pitcairn et y débarqua en 1808, soit 18 ans après la mutinerie, son capitaine découvrit l’unique survivant des mutins, John Adams, ainsi qu’un groupe de femmes et d’enfants parmi lesquels deux enfants de Christian Fletcher ainsi que les enfants des autres marins et des tahitiens également tués dans les luttes fratricide menées au début de l’occupation de l’île.

Aujourd’hui, l'île est toujours habitée par les descendants des marins de la Bounty et les tahitiens exilés. Elle n’est desservie que 2 à 3 fois par an et visitée par quelques navires de passage …

Manitoba