Numéro 46 - Décembre 2024
Numéro spécial BERDER
Éditorial
Nouvelles révélations sur Berder et les Pêcheries
Pour commencer , un peu d’histoire …
En 1878, Arthur Dillon — Comte d’opérette mais vrai aventurier, bientôt compromis dans la tentative de coup d’état du général Boulanger en 1889 — achète l’Ile de Berder.
Le 2 octobre 1883, Arthur Dillon obtient l’autorisation d’établir des chemins et ouvrages pour l’exploitation des parcs ostréicoles qui lui sont concédés au nord de l’Ile Berder : s’ensuit, la construction du «passage », puis de la petite Pêcherie et enfin de la grande Pêcherie sur le domaine maritime.
Vient par la suite la construction du Manoir et de ses annexes grâce à l’aide financière de la richissime duchesse d’Uzès, petite fille de la veuve Clicquot.
Ainsi, les Pêcheries apparaissent de tout temps comme des bâtiments à usage d’atelier et de servitude, jamais comme des habitations ou annexes au manoir construit bien après.
Cette situation durera jusqu’à l’achat de l’Île Berder en 2016 par le groupe Giboire au groupe Yves Rocher afin d’y édifier un hôtel de luxe quatre étoiles.
Parallèlement à ce projet, la société Giboire va occuper les pêcheries transformées en logements résidentiels, détourner le sentier côtier au nord de l’ile et interdire l’accès du public par la privatisation des cales et la mise en place de barrières.
Depuis cette date, les pouvoirs publics n’auront de cesse de favoriser le projet privé de la société Giboire au détriment d’un projet public accessible à tous, défendu notamment par l’association Berder Ensemble.
Ainsi, la Commune de Larmor Baden a élaboré un plan local d’urbanisme prévoyant des dispositions spécifiques destinées à permettre l’implantation de l’hôtel et de son parking. Ce PLU sera annulé définitivement par les juridictions administratives dans sa partie concernant Berder.
Ainsi le préfet a autorisé ( avant rétractation ) le défrichement d’une partie de l’Ile de Berder alors que celui-ci avait été interdit par la justice.
Ainsi, le Maire Denis Bertholom ne s’est pas opposé aux travaux de transformation des pêcheries en logements et bâtiments résidentiels par la société Giboire, effectués en 2017 sans déclaration de travaux ni permis de construire.
En effet, alors que l’aspect extérieur des pêcheries en 2017 a considérablement changé (conduits de cheminées extérieures sur la Grande Pêcherie, agrandissement et modification des huisseries sur les deux Pêcheries, ouvertures d'une fenêtre sur le pignon est de la grande Pêcherie), aucune autorisation d’urbanisme n’a été affichée sur l'île ou sur l'entrée du gois, tandis que l’avis de l’architecte des bâtiments de France (périmètre protégé par Gavrinis) n’est pas connu, s’il a été sollicité !
Le Préfet encore, qui a modifié en 2022 la dernière Autorisation d’Occupation Temporaire de la Grande pêcherie en y supprimant pour la première fois l’obligation d’activités liées à la mer, enlevant au Groupe Giboire, soit dit en passant, l’épine du pied qui lui imposait d’entretenir le passage submersible.
Aujourd’hui, le permis de construire l’hôtel quatre étoiles a été annulé par le tribunal administratif de Rennes et le dossier se trouve actuellement devant la cour d’appel de Nantes.
La société Giboire devra répondre de ces travaux de transformation des pêcheries en résidence de luxe sans permis de construire et pour partie sur le domaine maritime.
Elle devra en outre restituer au public l’accès intégral au sentier côtier littoral et l’accès au rivage.
À moins que ne se profile un nouveau scandale qui consisterait pour l’État à céder le domaine maritime inaliénable ( procédure d’endiguement ) au bénéfice d’une société privée et au détriment de l’intérêt général ?
Berder : dernière revue de presse.
2 - À Larmor-Baden, Berder Ensemble invite à une promenade sur l’île, samedi après-midi
3 - « Le groupe Giboire a Berder sur les bras, il doit lâcher cette île du golfe du Morbihan »
4 - Les Pêcheries. Reportage sur TéBéSud en 2022
5 - La bande dessinée du site XXI : dessins de Bruno Lus et Vincent Sorel, numéro 59.
Eugène Riguidel nous parle de Berder
Petite histoire de Berder.
Parmi les maisons des Petites Sœurs de St François, il est une d'un caractère si particulier que nulle autre ne lui est semblable sous aucun aspect, hormis celui de la vie "pour Dieu", à la fois raison d'être et but de toute Communauté religieuse... C'est BERDER, petite île bretonne de 24 hectares, que beaucoup de lecteurs connaissent, au moins de nom. Elle est située au fond du Golfe du Morbihan, d'après le carte marine, au 47° 5 de latitude Nord et 2°5 de longitude Ouest, BERDER que l'on prétend la plus belle île du Golfe, BERDER qui inspire les poètes et fait écrire d'elle :
De cette poussière de diamants enchâssés dans le collier de perles du Golfe, BERDER est le joyau, serti de varechs d'or, couronné d'un diadème de futaies de pins qui font une tâche verte sur la mer, une autre dans le ciel, toutes deux étincelantes. -BAZIN-
BERDER, enfin, dont Mgr Le Bellec, évêque de Vannes a écrit : "Si le Morbihan à le privilège de posséder tant d'îles, il en est une parmi celles du Golfe qui, plus que d'autres, attire, car elle est la plus religieuse de toutes".
Éloge bien grand, semble-t-il, pour une si petite parcelle de terre émergeant des flots, mais juste à plusieurs titres. Pour le moment, laissons la poésie et l'idéal pour l'histoire.
Celle-ci remonte pour la connaissance que l'on en a, à 1750, date à laquelle on trouve, sur le "rôle du Vingtième" (actuel impôt foncier), de la Subdélégation d'Auray, paroisse de Baden, un premier nom de propriétaire foncier :
Une île mondaine de la Belle Epoque
Berder est une petite île du Golfe du Morbihan, bien connue des touristes, dont on peut faire le tour en à peine une heure. Située en face de Larmor-Baden, on peut librement y accéder à pied, tout du moins lorsque la marée le permet. L’île est aujourd’hui calme et surprend à bien des égards par son architecture et sa végétation. Et pour cause! La main d’un homme l’a façonnée, au point d’en faire, à la Belle Epoque, un endroit mondain renommé.
Le manoir de l'île Berder. Carte postale. Collection particulière.
Cet individu se nomme le comte Arthur Dillon. Ancien militaire devenu secrétaire de la Compagnie du câble transatlantique, il achète Berder en 1879. A l’époque, l’île est peu développée. Arthur Dillon décide alors de mettre à contribution ses idées et sa fortune pour la transformer. La petite maison devient rapidement un grand manoir, presque entièrement décoré de la main d’un peintre italien. Des dépendances sont également construites à proximité, la chapelle est rénovée pour le mariage de son fils, une pêcherie voit le jour…
Nos lecteurs nous écrivent
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Berder, les pêcheries.
Un de nos lecteurs assidus nous envoie le message suivant :
"Je lis dans votre publication de Décembre votre propos relatif à la Pêcherie : jamais comme des habitations ou annexes au manoir construit bien après.
Je pense que la force de votre affirmation décrédibilise quelque peu le propos car je me souviens vers les années 50 avoir vu pendant nombre d'années l'hébergement dans la grande Pêcherie des gamins de la colonie de vacances de Berder.
Le dortoir en faisait bien sur partie.
Les cuisines et réfectoires peut-être.
Les "chiotes "à la turque étaient alignés au bout du bâtiment vers l'Est, ils ont été démolis, disons, il y a une vingtaine d'années.
Pendant des années, époque de LVT incluse, la grande Pêcherie a hébergé le passeur appointé par les occupants de L’île .
Durant la dernière guerre, lors des bombardements de Lorient, le collège Saint Louis, pensionnat de cette ville a été transféré à Berder. Les pensionnaires aussi, et sans doute le corps enseignant, il serait intéressant de trouver des anciens qui nous diraient où était logé tout ce monde.
Bien cordialement."
Notre réponse :
Cher lecteur,
Votre remarque est très intéressante et soulève la question de la définition d'un local à usage d'habitation.
Que les pensionnaires de LVT aient dormi dans les pêcheries pendant leurs séjours sur l'île n'en fait pas pour autant des locaux à usage d'habitation.
Aujourd'hui, la grande Pêcherie (la plus au nord de l'île) est réglementée comme un bâtiment en partie sur le domaine maritime, et donc n'est pas considérée par les services fiscaux comme un local d'habitation. Son usage est même soumis à une Autorisation d’Occupation Temporaire (AOT) tout à fait incompatible avec un local d'habitation.
Quant à la petite Pêcherie, située à l’entré de l'île, elle a toujours été considérée comme un local technique (servitude) pour les diverses activités du Comte Dillon, notamment l'ostréiculture, puis par les autres propriétaires. Elle n'a jamais été aménagée en local d'habitation.
Il serait intéressant d'ailleurs d'avoir accès aux taxes foncières et locales payées actuellement par le propriétaire qui devraient refléter la destination de ces deux bâtiments.
Espérant avoir répondu à votre interrogation,
Nous vous remercions de votre intérêt pour notre Journal de Larmor & Baden.
Bien cordialement. La Rédaction.