Ouest-France, un journal respectable.

Le traitement médiatique du débat qui porte sur l’avenir de Berder, comme pour tout sujet clivant, est une affaire délicate pour les journalistes. Que l’on soit partisan d’un camp ou de l’autre, on s’autorise sans cesse à commenter la couverture qui est faite de tel événement, de tels propos relayés dans la presse, tantôt pour s’en réjouir, tantôt pour s’en désoler. On prête trop souvent aux journalistes des intentions partisanes lorsqu’on considère qu’ils minorent ou surestiment le nombre de participants à un rassemblement, qu’ils accordent trop ou pas suffisamment de temps de parole aux uns et aux autres. Cette pratique est devenue courante sur les réseaux sociaux. Elle est pourtant bien plus pernicieuse qu’il n’y paraît et ceux qui s’y livrent mesurent sans doute mal la portée de leur acte. Sans cesse dénigrer et tenter de décrédibiliser le travail journalistique n’est pas un simple passe-temps, c’est avant tout saper la démocratie dont les médias indépendants constituent l’un des piliers.

Notre propos ne sera donc pas ici de nous prêter à cet exercice. D’autant que si l’on veuille bien rester de bonne foi, la couverture médiatique de ce dossier, si elle peut parfois susciter de ci, de là, un peu d’agacement, nous paraît globalement rigoureuse et objective. Chacun devrait en convenir, qu’il soit partisan ou opposé au projet Giboire.

Cela ne dispense évidemment pas de porter une distance critique sur ce que l’on nous donne à lire ou à entendre. Or, un article publié samedi 30 janvier dans le quotidien Ouest-France, justement nous interroge. Il s’inscrit dans une rubrique hebdomadaire « les pavés dans la ma@rle » qui relate l’actualité des réseaux sociaux dans le pays de Vannes. Marc Chapiro, ancien vice-président de l’association PEP 56 et porte-parole du collectif Berder Ensemble y est gentiment moqué au prétexte que les bâtiments de l’association qui ont jadis accueillis des colonies de vacances sont actuellement en vente alors qu’il rêve lui-même que ceux de Berder puissent à l’avenir avoir cette même vocation. On appréciera ou pas le parallèle, on en rira ou s’en attristera, peu importe. Ce qui nous chagrine ici n’est donc pas le propos, c’est surtout qu’on le présente comme une vitrine de ce qui se dit sur les réseaux sociaux alors que ces quelques lignes relayent, de façon pour le moins édulcorée, une véritable campagne de diffamation visant Marc Chapiro, menée par un petit groupuscule de larmoriens sur une page Facebook privée.

Les journalistes sont évidemment libres de choisir leurs sources, ils ont également le devoir de les vérifier. Si le ton est chambreur dans les termes rapportés par Ouest-France, il est particulièrement violent sur la page du collectif larmorien qui défend le projet Giboire. Son leader, Christophe Guyomard, n’a eu de cesse ces derniers jours de relayer des articles de presse faisant état des déboires de l’association PEP 56 afin de livrer Marc Chapiro en pâture à son auditoire. Nul besoin de préciser que ses acolytes ne se sont pas fait prier pour le brocarder et l’insulter. Nous voulons croire que les journalistes de Ouest-France n’ont pas eu connaissance de ces méthodes, ils se seraient abstenus sinon de s’en faire l’écho.

Reste qu’ils l’on fait, très certainement par mégarde. Se pose alors la question de savoir d’où tiennent-ils des propos tenus sur une page ultra verrouillée dont on ne peut croire qu’ils soient membres. Peut-être tient-on un élément de réponse dans les trépignements de M. Guyomard qui se lamentait que la presse n’établisse pas le lien entre les mésaventures des PEP 56 et le porte-parole du collectif Berder Ensemble. C’est désormais chose faite et M. Guyomard ne se prive pas d’en revendiquer la paternité, se félicitant sur la page de son collectif d’avoir « divulgué ces informations à la presse pour rétablir la vérité ».

Voilà, la rédaction de Ouest-France aurait donc fait ses choux gras des âneries que lui a communiquées M. Guyomard en les retranscrivant telles qu’elles dans une rubrique supposée couvrir des échanges publics entre internautes. Les journalistes y ont sans doute trouvé prétexte à rire alors que s’ils s’étaient renseigné sur leur source ils se seraient sans doute abstenu de se faire le relais d’une campagne initialement destinée à discréditer un homme. Le respect est affaire de réciprocité. Celui dû aux journalistes est la contrepartie de celui qu’ils doivent eux-mêmes porter à leur propre déontologie. S’ils s’en éloignent, ils deviennent indirectement complices des campagnes de dénigrement qui les visent trop souvent. Ouest-France est un journal éminemment respectable, nous souhaitons bien évidemment qu’il le reste.